Dimanche 15 septembre, 24ème dimanche du temps ordinaire: « Et pour vous, qui suis-je ? » – Un chemin ou le chemin ?
Les propos malheureux du pape
De Luisella Scrosati sur la NBQ :
Une religion vaut une autre pour atteindre Dieu : les propos déconcertants du pape
Parlant du dialogue interreligieux avec les jeunes de Singapour, le pape François met toutes les religions sur le même plan. En fait, c’est la négation de la prétention du Christ à être « le chemin, la vérité, la vie », l’élimination du sens de l’Incarnation et de la Rédemption.
Un renversement de 180 degrés par rapport à son prédécesseur, un recul de plus de deux mille ans dans l’histoire des religions et – inacceptable de la bouche de tout chrétien – l’élimination du cœur de l’événement chrétien. Les propos de François à l’occasion de la rencontre avec les jeunes du Catholic Junior College de Singapour ne laissent place à aucun malentendu : pour François, toutes les religions mènent à Dieu, un peu comme tous les chemins qui mènent à Rome, sans permettre le moindre avantage. de faveur et de sympathie pour le christianisme.
L’exhortation au dialogue interreligieux d’hier, 13 septembre, est en réalité la pierre tombale non seulement du dialogue interreligieux lui-même, tel que le conçoit l’Église catholique, mais du sens même du christianisme : « Une des choses qui m’a le plus frappé chez vous, les jeunes, de vous ici, c’est la capacité de dialogue interreligieux. Et c’est très important, car si vous commencez à argumenter : « ma religion est plus importante que la vôtre… », « la mienne est la vraie, la vôtre n’est pas vraie… ». Où tout cela mène-t-il ? Où? Quelqu’un répond, où ? [quelqu’un répond : « Destruction »]. C’est comme ça. Toutes les religions sont un chemin pour arriver à Dieu. Elles sont – je fais une comparaison – comme différentes langues, différents idiomes, pour y arriver. Mais Dieu est Dieu pour tous. Et puisque Dieu est Dieu pour tous, nous sommes tous enfants de Dieu. « Mais mon Dieu est plus important que le vôtre ! ». Est-ce vrai ? Il n’y a qu’un seul Dieu et nous, nos religions sont des langues, des chemins pour atteindre Dieu. Certains sont sikhs, certains sont musulmans, certains sont hindous, certains sont chrétiens, mais ce sont des chemins différents. Compris ?
Des paroles qui sonneraient comme une banalité désarmante dans la bouche de chacun, mais qui laissent sans voix si elles sont prononcées par le successeur de l’apôtre Pierre, dont le ministère existe pour confirmer ses frères dans la foi, non pour les désorienter. François le réinterprète à sa manière, presque comme si saint Pierre commençait à dialoguer avec les juifs et les païens, en leur disant que la mort et la résurrection du Christ n’ont rien apporté de substantiellement décisif dans l’histoire de l’humanité, sauf une nouvelle voie alternative pour arriver à Dieu, mais toujours facultative et sans prétendre être la seule vraie. Comme la variante d’une autoroute.
Peut-être le Pape croit-il que la déclaration sortie de la bouche de Jésus-Christ lui-même – « Je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14, 6) – était une faute de frappe d’un copiste ; ou une réinterprétation des disciples du Seigneur, qui n’avaient encore rien compris au dialogue interreligieux ; ou encore un délire de toute-puissance de ce Jésus-Christ, qui lui était monté à la tête en pensant qu’il était Dieu « Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi le Père » (Jn 14, 6-7) : une « perspective » résolument opposée à celle du Pape.
Il n’est pas du tout exagéré de dire que nier que la religion chrétienne est le seul vrai chemin, le seul capable de conduire à Dieu, en le plaçant au même niveau que n’importe quel autre chemin religieux des hommes, signifie simplement nier l’auto-révélation que le Christ fait de lui-même dans les saints Évangiles, enseignés par l’Église depuis sa fondation ; cela signifie rejeter que les hommes ne peuvent en aucune manière venir à Dieu, bien qu’ils le cherchent, sauf à travers Jésus-Christ et son Église ; c’est n’avoir rien compris à la nécessité d’être racheté par le sang de Jésus-Christ au travers du baptême, et incorporé à son Église. Cela signifie précisément apostasier toute la foi catholique et non se tromper quant à l’un de ses points.
La superficialité avec laquelle il écarte la question de la vérité de la religion est également incompréhensible. Pendant des siècles, la principale préoccupation des Pères, des Docteurs et des théologiens a été de montrer comment le christianisme est l’accomplissement de la religio vera. Le cardinal Ratzinger, rappelant la comparaison entre saint Augustin et Varron, avait expliqué avec une extrême clarté que quelque chose d’« étonnant » s’était produit dans le christianisme : « les deux principes fondamentaux du christianisme apparemment en conflit, le lien à la métaphysique et le lien à l’histoire, conditionnent et se rapportent les uns aux autres ; ensemble, ils constituent l’apologie du christianisme comme religio vera » ( La victoire de l’intelligence sur le monde des religions, «30 jours», janvier 2000). Traduction : la vérité, le Logos éternel et primordial, est entrée dans l’histoire, créant l’étreinte entre religion et philosophie ; la forme historique assumée par la Parole constitue la révélation définitive de la vérité, établissant ainsi définitivement le christianisme comme la vraie religion, non seulement dans ses principes ou, comme on dit aujourd’hui, dans ses « valeurs », mais précisément dans sa forme historique qui est l’Église catholique. La bonne nouvelle est là : les hommes ne sont plus livrés à eux-mêmes dans leur recherche de vérité, ni dans leur aspiration au divin, aspiration systématiquement vouée à l’échec, jusqu’à ce que Dieu vienne à leur rencontre. Et Dieu est venu à la rencontre de l’homme dans la personne de Jésus-Christ, Dieu fait homme pour que les hommes puissent participer à la vie divine.
Avec ses propos malheureux, François élimine le sens du christianisme, le sens de l’incarnation du Verbe et de sa Passion, réduisant le christianisme à une religion parmi d’autres et annulant même la recherche de la vérité sur Dieu par l’homme. Il s’agit de déclarations graves qui annulent le sens de l’Incarnation et de la Rédemption et ne peuvent donc passer inaperçues aux yeux du Collège des Cardinaux et de tous les évêques catholiques.