Lu pour vous: JMJ. Ecologie intégrale, gender: Mgr Munilla, l’évêque qui sait parler aux jeunes
A l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne du 1er au 6 août 2023, l’évêque espagnol Mgr Munilla a donné une catéchèse sur le thème de l’écologie intégrale, en reprenant les principes de l’anthropologie chrétienne. Il a affirmé que « personne ne naît dans le mauvais corps parce que Dieu ne se trompe pas ».
Écologie, amitié et miséricorde
Écologie, amitié sociale et miséricorde. Tels étaient les trois thèmes retenus par le comité d’organisation des JMJ pour les trois jours de catéchèse prévus durant la semaine de préparation de la veillée avec le Pape François à Lisbonne. Ce sont trois thèmes très chers au pape, des thèmes clés du pontificat du pape argentin. En effet, François a beaucoup insisté sur le thème de la miséricorde auquel il a consacré le jubilé extraordinaire de 2015, deux ans après son élection au trône pontifical, tandis qu’il a dédié deux encycliques importantes aux thèmes de l’écologie et de l’amitié (ou de la fraternité) : Laudato Si’ et Fratelli Tutti.
Les évêques accompagnant les pèlerins ont donc été chargés de prêcher sur les thèmes choisis par l’organisation afin d’encourager les jeunes et de leur offrir les outils nécessaires pour comprendre la portée de ces trois thèmes. C’est ainsi que Mgr José Ignacio Munilla, ex-évêque de Palencia et San Sebastian et actuellement évêque d’Orihuela-Alicante (au sud de l’Espagne, près de Valence) a réuni ses jeunes pour leur parler d’écologie intégrale.
Munilla : l’évêque qui parle aux jeunes
Il faut savoir que José Ignacio Munilla, né en 1961 et nommé évêque en 2006 par Benoît XVI à l’âge de 44 ans, est une personnalité publique très connue dans son pays grâce à son émission de radio diffusée sur Radio Maria et intitulée Sexto Continente [le « continent numérique, ndt] et à sa présence sur les réseaux sociaux, notamment sur YouTube où il met en ligne des homélies, des catéchèses et des rencontres de formation avec les jeunes.
L’évêque est surtout connu pour sa capacité à s’adresser aux jeunes et pour sa détermination et son courage à démonter et à combattre les mythes de la pensée unique, en défendant les raisons de Dieu, de l’Église et de l’homme à travers des articles, des livres et en participant à des débats culturels.
En 2009, il s’est exposé publiquement pour dénoncer la loi sur l’avortement, accusant la gauche espagnole de « légitimer la loi de la jungle » et de considérer comme un droit ce qui est un « massacre d’innocents ». Pour ces déclarations, une grande partie de la presse traditionnelle l’a accusé à plusieurs reprises d’extrémisme et d’homophobie.
Écologie intégrale et anthropologie chrétienne
Abordant le thème de l’écologie, Munilla n’a pas axé sa catéchèse sur les énergies renouvelables, le charbon fossile ou le photovoltaïque, mais a voulu élargir l’horizon en mettant en garde contre une écologie qui, en oubliant l’homme, devient une simple idéologie. Il n’a pas non plus proposé aux jeunes une morale de la vie éco-durable (ou eco-friendly) comme recycler le plastique, trier les déchets ou manger moins de viande, préférant éviter de donner une leçon de moralisme écologique (ou « écomoralisme ») si à la mode aujourd’hui.
Insistant sur le terme « intégral », Munilla affirme qu‘une vision chrétienne de l’écologie ne peut pas ne pas prendre en compte la foi en la Création comme acte libre résultant de l’amour de Dieu et l’homme comme aboutissement de la création. Éliminer l’homme du discours écologique, ou le considérer comme une partie parmi d’autres, fait de l’écologie une idéologie.
Il y a – dit l’évêque – « une bonne écologie et une mauvaise écologie, qui est une idéologie, qui essaie de prendre la place de Dieu et se présente comme une nouvelle religion ». Il est donc nécessaire – et plus urgent que jamais – d’apprendre à distinguer pour ne pas se laisser tromper. Idéologique est cette écologie qui considère l’homme coupable de tous les maux : de l’épuisement des ressources de la planète à la production excessive de CO2 en passant par le changement climatique.
Il existe en outre une « hiérarchie de dignité entre les créatures ». « La dignité d’une pierre n’est pas la même chose que votre dignité », a-t-il expliqué aux jeunes. C’est pourquoi la relation avec les animaux (qu’il faut certes respecter) ne peut être la même que celle que l’on a avec les humains, a-t-il ajouté, citant la pratique de plus en plus courante de promener les petits chiens dans des poussettes. Malheureusement, aujourd’hui, « il y a des gens qui défendent les baleines au prix de leur vie et qui sont en faveur de l’avortement », a affirmé Munilla.
L’homme est le sommet de la création et l’interlocuteur de Dieu.
L’évêque a ensuite cité le Psaume 8 pour affirmer que « la nature est un reflet de la beauté et de l’amour de Dieu », mais qu’elle « n’est pas à l’image et à la ressemblance de Dieu ». Ce n’est qu’en l’homme que Dieu a inscrit une « ressemblance à Dieu qui fait de nous ses interlocuteurs ». « Les baleines, a-t-il expliqué à l’aide d’un exemple, sont le reflet de la beauté de Dieu, mais elles ne sont pas ses interlocuteurs et n’ont pas la possibilité d’accéder à une relation d’amitié avec lui.
Dieu a créé le monde visible et le monde invisible par amour, comme l’affirme le Credo. C’est pourquoi la vision écologique chrétienne ne peut oublier l’existence de l’âme, immortelle et créée directement par Dieu, une foi que la pensée moderne (ainsi qu’une vision idéologique de l’écologie) nie. Le respect de la création naît chez l’homme de l’amour, de l’amour de Dieu et de son œuvre, de l’amour du prochain, des générations futures et des plus démunis. Munilla a cité son enfance, une époque où, en vertu du principe d’austérité (également rappelé par le pape François dans Laudato Si’), la nourriture n’était pas gaspillée, les vêtements étaient partagés et les objets réparés. Le consumérisme actuel pousse au contraire l’homme à devenir un consommateur en série qui « vit pour consommer ». C’est pourquoi, dit-il, « le consumérisme corrompt l’âme ».
« Personne ne naît dans le mauvais corps parce que Dieu ne se trompe pas ».
Des mots durs, ceux de l’évêque espagnol, contre l’idéologie du gender qui sévit dans la société d’aujourd’hui. En effet, l’écologisme cache une « contradiction flagrante » : s’il « insiste beaucoup sur le respect de la nature en dénonçant le transgénique [OGM], en même temps il promulgue le transgenre, c’est-à-dire qu’un homme peut changer de genre sexuel et devenir une femme et vice-versa ».
« Le premier acte de respect envers l’écologie, nous devons l’avoir avec notre corps. Accepter son corps, c’est reconnaître que Dieu l’a créé par amour et qu’en le créant, il ne s’est pas trompé. Personne ne naît dans le mauvais corps », a dit Mgr Munilla..
« Nous vivons dans une société où les gens doutent de la vérité mais pas de leurs sentiments, alors qu’il serait logique de douter de leurs sentiments mais pas de la vérité ».
« Tout cela est ridicule et nous devons avoir la capacité de le dire devant le monde entier : la véritable écologie doit être INTEGRALE ».
« Dans le cadre de l’écologie intégrale, il est important de pouvoir reconnaître ses blessures affectives. Nous portons tous en nous des blessures affectives et ces blessures doivent être reconnues, identifiées, accompagnées, soignées – si c’est la volonté de Dieu -, acceptées, mais elles ne peuvent pas devenir des droits. Tout cela fait partie de l’écologie intégrale, car nous croyons que Dieu a tout créé avec bonté. Dieu ne se trompe pas. Il a un dessein prévoyant pour chacun d’entre nous. Il nous regarde et s’étonne de la beauté qu’il a semée en nous, qui sommes le sommet de la création ».
Munilla reprend ainsi (sans le citer) le défi du pape Benoît XVI qui voyait (d’une manière que l’on peut désormais qualifier de prophétique) l’idéologie du genre comme « le prochain grand défi auquel l’Église devra faire face », comme la forme de « rébellion définitive contre le Dieu Créateur ».
En même temps, l’évêque espagnol cite littéralement le pape François lisant aux jeunes un paragraphe du numéro 155 de l’encyclique Laudato Si’ :
« L’acceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et accepter le monde entier comme don du Père et maison commune ; au lieu de cela, une logique de domination sur son propre corps se transforme en une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à accueillir son corps, à en prendre soin et à en respecter les significations est essentiel pour une véritable écologie humaine. Apprécier son propre corps dans sa féminité ou sa masculinité est également nécessaire pour pouvoir se reconnaître dans la rencontre avec l’autre différent de soi. Il est ainsi possible d’accueillir avec joie le don spécifique de l’autre, œuvre de Dieu créateur, et de s’enrichir mutuellement. C’est pourquoi une attitude qui prétend « effacer la différence sexuelle parce qu’elle ne peut plus l’affronter » n’est pas saine ».
Les quelque deux cents jeunes présents, qui ont écouté la catéchèse dans un « silence religieux » (interrompu seulement par un tonnerre d’applaudissements en entendant l’évêque dire que « personne ne naît dans le mauvais corps »), ont répondu par une longue salve d’applaudissements de remerciement.
Comme on pouvait s’y attendre, la catéchèse a fait beaucoup de bruit de l’autre côté de la péninsule ibérique : plusieurs journaux espagnols ont accusé l’évêque Munilla (déjà pris pour cible à d’autres occasions et considéré par le courant dominant comme un « danger public ») de transmettre à ses jeunes la « haine transphobe », l’intolérance et de s’en prendre frontalement à la communauté LGBT. Cela ne surprendra ni n’intimidera certainement pas l’évêque espagnol, qui a l’habitude de parler franchement aux jeunes pour leur annoncer les vérités de la foi, tout en sachant qu’il sème le trouble et s’attire la haine de ceux qui se sentent dépouillés et embarrassés face à la vérité.