Prions pour que le synode se termine avec succès
Repris le 20-10-2024 d’un récent poste du Cardinal Josef Zen
oldyosef.hkcatholic.com
Cela fait longtemps que je n’ai pas publié d’articles en ligne. Mais aujourd’hui, je me sens obligé d’écrire quelque chose pour aider mes frères et sœurs dans le Seigneur à comprendre quelle est la chose la plus importante pour laquelle il faut prier en ce moment. Ce qui me préoccupe le plus, c’est de savoir comment ce Synode sur la « synodalité » peut être conclu avec succès (décemment), ceux qui ont lu mon billet du 15 février de cette année le comprendront.
Le thème de la seizième Assemblée ordinaire du Synode des évêques est la « synodalité », mais qu’est-ce que la « synodalité » ? Selon l’étymologie du mot grec « Synode », il signifie « marcher ensemble » ; en chinois, il se traduit par « parler ensemble » et « marcher ensemble » : (participation, communion et (pour) la mission).
Mais il existe un document de l’Église qui explique de manière plus adéquate le sens du mot Synodalité, qui dérive évidemment d’événements historiques importants dans l’Église, les Synodes, la structure à travers laquelle la hiérarchie de l’Église guide l’Église dans l’histoire.
Le premier concile du Vatican [Vatican I] a affirmé la doctrine de l’infaillibilité papale. Cependant, en raison de l’éclatement de la guerre [de 1870], ce concile n’a pas pu être achevé. Le Concile Vatican II a souligné la collégialité des évêques dans la Constitution dogmatique sur l’Église (Lumen Gentium), avec une explication claire. Tout le peuple de Dieu doit participer à la mission d’évangélisation. Cependant, c’est la hiérarchie de l’Église qui assure la direction du chemin de l’Église et préserve les dispositions de la foi transmise par les Apôtres. Jésus a remis l’Église aux « Apôtres conduits par Pierre » et les successeurs des Apôtres sont les évêques.
Dès le début de ce Synode, les deux cardinaux qui dirigent l’assemblée [le maltais Mario Grech et le luxembourgeois Jean-Claude Hollerich, ndt] et le nouveau préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi n’ont pas mis l’accent sur la préservation de la foi, mais ont mis l’accent sur les changements, en particulier ceux de la structure de l’Église et des enseignements éthiques ; notamment en ce qui concerne les principes éthiques « sexuels », en particulier : les relations entre personnes de même sexe.
En 2021, quelqu’un a demandé à la Congrégation pour la doctrine de la foi « s’il est permis de bénir les couples de même sexe ». La réponse a été « non », accompagnée d’une explication détaillée. Le pape François a également signé et confirmé le document.
Les documents du Secrétariat du Synode semblaient indiquer que la question serait discutée lors du Synode. Afin d’éviter de gaspiller le temps de discussion du Synode, cinq cardinaux soulèvent cette question parmi d’autres « dubia » (doutes) auprès du Pape, espérant qu’il reconfirme clairement sa position sur la question d’il n’y a pas si longtemps.
A notre grande surprise, le pape nous a donné une réponse dès le lendemain. Il s’agissait d’une réponse très longue et compliquée qui réfutait la déclaration faite les années précédentes, à savoir : « Il est possible de bénir les couples de même sexe dans certaines circonstances ». Nous avons estimé que ces arguments compliqués n’étaient pas du tout valables. Nous avons demandé au pape de répondre par « oui » ou par « non », mais il n’a jamais répondu. Cette réponse n’a pas pu être écrite par le pape lui-même. Elle a manifestement été préparée par les responsables du synode, pour étayer leurs raisons de modifier les enseignements de l’Église (nous, les cinq cardinaux, n’avons pas énuméré en détail les raisons de réfuter ces arguments compliqués, mais j’ai donné une réponse personnelle détaillée que l’on peut trouver sur mon blog).
Ce synode a été une entreprise d’une ampleur inhabituelle, avec des consultations dans les églises locales, des conférences continentales et enfin l’assemblée synodale formelle. Au niveau continental, il était clair que le secrétariat central contrôlait strictement les procédures : le partage est mis en avant, tandis que la discussion doit être évitée. La même méthode est utilisée dans les réunions officielles du Synode (!). Le plus surprenant est que parmi les participants au Synode, il y a 96 « non-évêques » (soit 26% de l’ensemble du groupe) qui ont le droit de vote. A l’évidence, l’objectif de ce synode était de renverser la hiérarchie de l’Église et de mettre en place un système démocratique.
Le pape a le pouvoir de convoquer tout type de réunion consultative. Cependant, le synode des évêques initié par Paul VI a été spécifiquement conçu pour permettre au pape d’écouter les opinions de ses frères évêques. Avec des « non-évêques » qui votent ensemble, ce n’est plus un Synode des évêques.
Pour revenir à ce que j’ai dit au début, nous devons prier pour l’issue (décente) de ce Synode, j’espère au moins sur les trois points suivants :
1- sur le déroulement de la rencontre. Afin d’éviter à l’avenir la question : » Ce Synode des évêques est-il vraiment un Synode des évêques ? ».
Pour que cette assemblée soit correctement appelée synode des évêques, elle devrait revenir aux méthodes originales utilisées lorsque le synode a été établi par le Pape Paul VI. Ces méthodes ont été efficaces pendant de très nombreuses années : laisser les évêques prendre l’initiative, discuter et voter et, en tant qu’évêques frères, soumettre leur avis au Pape pour référence.
Il semble que ce premier objectif ne puisse plus être pleinement atteint, les modalités de rencontre de 2024 étant les mêmes qu’en 2023. Ils se sont encore réunis autour de tables rondes, dans une chaleureuse réunion de famille, laissant l’animateur les guider docilement sur la manière de se connecter à l’Esprit Saint. Plus de prière, plus de partage et moins de discussions… Nous ne pouvons qu’espérer que les évêques participants exerceront la vertu de ‘parresia‘ (franc-parler) tant recommandée par le Saint-Père, au moins en ne permettant pas aux non-évêques de voter avec eux.
2- de quoi les évêques auront-ils à discuter cette fois-ci, en 2024 ?
Lorsque le Synode des évêques s’est achevé en 2023, il n’a voté qu’un « rapport de synthèse », sans voter aucune recommandation. Chacun a pu constater que l’acronyme LGBTQ, qui figurait fièrement dans les documents du Synode, n’apparaissait pas dans la synthèse. Pourtant, tous pensaient que ces questions seraient discutées lors de l’assemblée de 2024.
Peu après la fin de la session de 2023, le Dicastère pour la doctrine de la foi a publié une longue déclaration « Fiducia Supplicans » sur la signification pastorale des bénédictions, notant que le clergé peut bénir des couples de même sexe dans certaines circonstances (le raisonnement était basé sur la réponse à la dubia des cinq cardinaux, donnée avant le début de la session de 2023). Le préfet du dicastère a même affirmé que la déclaration était suffisamment claire et qu’il n’était pas disposé à en discuter davantage. Ce sont « eux » qui ont pris la décision, sans consulter les évêques pendant le Synode. C’est une arrogance incroyable !
Après la publication de cette déclaration, il y a eu une grande division dans l’Église et une grande confusion parmi les fidèles. C’était une chose rare dans l’histoire de l’Église. Bien sûr, les catholiques de Hong Kong qui lisent le Kung Kao Po ou le Sunday Examiner n’ont pas eu l’occasion d’entendre et de s’exprimer sur le sujet ! Le Pape et le Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi ont exprimé leur « compréhension » de la situation sans retirer leur déclaration. La question sera-t-elle encore abordée lors de la réunion de 2024 ?
Ensuite, le pape a envoyé une lettre au Secrétariat du Synode, disant qu’il avait confié dix « groupes d’étude » avec la tâche d’examiner les questions individuelles qui ont émergé du Synode 2023 et qu’ils ne présenteraient pas leurs « réponses » avant le milieu de l’année 2025. Cela signifie-t-il que toutes les questions ne seront pas discutées et votées lors du Synode de 2024 ?
Je pense qu’un débat sans fin devrait être évité au moins sur la question de la bénédiction des couples de même sexe. J’espère que les évêques participants pourront convaincre le Pape de prolonger sine die l’entrée en vigueur de la déclaration. Jésus n’a-t-il pas dit à Pierre : « Tu aliquando conversus, confirma fratres tuos » (Une fois que tu t’es repenti, affermis tes frères).
Si cette question n’est pas résolue lors du Synode, l’avenir de l’Église sera très incertain, car certains ecclésiastiques et amis du pape qui insistent pour changer la tradition de l’Église à cet égard poursuivent leurs projets de toutes leurs forces. Alors que le Synode est en cours, ils ont activement promu leur agenda en dehors de la salle de réunion. Ce qui est inquiétant, c’est que le soi-disant « New Ways Ministry », qui soutient le transgendérisme, a également été chaleureusement accueilli par le pape il y a quelques jours.
3- Sans questions individuelles à débattre, la discussion du Synode se concentrera sur la synodalité de l’Église.
Je crains que cela ne revienne à une discussion sur la question de savoir si les fidèles devraient avoir plus de droits pour « partager » les responsabilités des « pasteurs » dans la hiérarchie. Si les partisans de ce changement ne peuvent pas gagner au niveau de l’ensemble de l’Eglise, se battront-ils alors pour la diversité au sein des Eglises locales ? Les conférences épiscopales individuelles auront-elles avoir une autorité indépendante de la doctrine de la foi ? C’est une perspective effrayante. Si cette idée aboutit, nous ne serons plus l’Église catholique (l’Église d’Angleterre a reconnu le mariage homosexuel et ses fidèles sont devenus une minorité de moins de 20% de l’Église anglicane mondiale. Comment ne pas être vigilant ?)
Il est inutile que nous nous angoissions sur ces questions. Jeûnez et priez (surtout le Rosaire) ! Il ne faut jamais désespérer!
Un cri de Joseph Zen.